Le bruit constant des moteurs de deux-roues imite le son
d’un cours d’eau. L’acidité de l’air ambiant pique le nez et gratte la gorge.
Néons et ampoules dénudés offrent une vision crue du monde qu’ils éclairent.
Les rues d’Hanoi grouillent de vie. Les pare-chocs se
frôlent, les trajectoires se croisent. Parfois le temps se suspend lorsque deux
véhicules se retrouvent bloqués face à face. La scène rappelle les fourmis qui
se touchent les antennes en se croisant.
Chaque mois, l’horizon est un peu plus mutilé. De sa lisse ligne droite poussent de grands
rectangles de béton et de verre. Il faut loger toujours plus de nouveaux venus.
Les campagnes proches sont enserrées par les tentacules d’une ville sans
limite.
Au centre de cette cacophonie, l’individu atomique. Tantôt
acteur tantôt spectateur, il navigue au gré de sa conscience. Sa relation à
l’Histoire, ses inspirations, la pression de ses semblables sont autant de
brises capables de modifier un cap. L’humain façonne son monde. De ses besoins
et de ses souhaits émane la modification de son environnement.
Nouvellement unifié et indépendant, le Vietnam est
maintenant libre de suivre sa propre route. Une nouveauté pour les
grands-parents, une évidence pour leurs petits-enfants. Au croisement des
influences de l’Ouest et du reste de l’Asie les voies sont nombreuses. Dans ce
contexte de développement frénétique, le Temps semble se disloquer. Le passé
s'entrechoque avec le futur.