
Pierre-Marie Beryl est né au Vietnam en 1944. Sa tante l’arrache à sa mère et le confie aux sœurs françaises du «Domaine de Marie» dans le sud du pays. Sur son acte de naissance est écrit : « Nationalité française à ne pas remettre en doute. Né français ». Il débarque pieds nus à Marseille en novembre 1955. Pris en charge par la FOEFI (Fédération des Œuvres de l’Enfance Française d’Indochine), il est envoyé à Vouvray. À la retraite, il entend parler de Noyant-d’Allier. Séduit par l’architecture des corons et la communauté Vietnamienne, il s’y installe en 2009.

Caroline Mitre, née française au Vietnam en 1959. Ses parents eurasiens travaillent pour l’armée française. À leur arrivée en France, dans les années 60, ils doivent tous deux travailler à Paris. Les enfants sont placés dans une pension proche de Vichy. Caroline garde de bons souvenirs de cette période et se trouve chanceuse par rapport aux autres enfants indochinois restés à Noyant-d’Allier qu’elle côtoie lors des vacances scolaires.

Khoune Nang Hoareau est née au Laos en 1926. C’est à Hue, dans le centre du Vietnam qu’elle rencontre son mari réunionnais. Ils arrivent en France en 1963 avec leurs dix enfants. Installée à Noyant-d’Allier, la famille s’agrandira avec cinq autres enfants.

Liserons d’eau fraichement coupés.
Les premières grands-mères arrivées au camp de
Saint-Livrade-sur-Lot ont donné au paysan voisin, leurs précieuses
graines ramenées du Vietnam. Aujourd’hui, l’exploitation
agricole produit uniquement des légumes et herbes aromatiques
asiatiques.

Pagode de Noyant-d’Allier, construite en 1983.

Jérémy Fouqué, 32 ans. Né en France
d’un père vietnamien et d’une mère française. Son tatouage
représente une tête de dragon, avec le plan du CAFI (Centre
d'Accueil des Français d'Indochine) de Sainte-Livrade sur Lot et son
emblématique château d’eau.

Edith Simon est née au Vietnam en 1952
d’un père français du Corps expéditionnaire et d’une mère
Vietnamienne. Arrivée en France en 1955, la famille s’installe
dans le Morvan, village d’adoption du père. Édith navigue entre
deux modes de vie : vietnamien à la maison et français chez
« sa mamie », de l’autre côté de la route. Lors de la
mobilisation de son père pour l’Algérie, elle retrouve, avec sa
mère, la communauté vietnamienne installée à Noyant-d’Allier.

Devant la pagode du CAFI (Centre
d'Accueil des Français d'Indochine) de Sainte-Livrade-sur-Lot.

Julien Cao Van Tuat est né au Vietnam
en 1958, d’une mère Vietnamienne et d’un père ayant reçu, à
vingt ans, la nationalité française sur « jugement au faciès ».
La famille de neuf enfants arrive en France en 1959. Pendant un an
environ, ils vivent dans un camp militaire proche de Poitiers. En
octobre 1962, à l’arrivée des premiers pieds noirs, ils sont
déplacés à Noyant-d’Allier.
Le 15 août, lors de la Fête de la
Mémoire, rassemblement national des descendants des rapatriés
d’Indochine.

Tête de lion rapportée du Vietnam par
les premiers rapatriés d’Indochine arrivés en France en 1956.
David Harasymczuk est né au CAFI
(Centre d'Accueil des Français d'Indochine) en 1970 d’une mère
eurasienne et d’un père d’origine polonaise/ukrainienne. Il pose
à l’endroit du camp où sa grand-mère laotienne l’éleva.
Edith Simon, née au Vietnam en 1952
d’un père français du Corps expéditionnaire et d’une mère
vietnamienne, présente le portrait de ses parents. Arrivée en
France en 1955, la famille s’installe dans le Morvan, village
d’adoption du père. Édith navigue entre deux modes de vie :
vietnamien à la maison et français chez « sa mamie »,
de l’autre côté de la route. Lors de la mobilisation de son père
pour l’Algérie, elle retrouve, avec sa mère, la communauté
vietnamienne installée à Noyant-d’Allier.
Dans le Lieu de
Mémoire du CAFI (Centre d'Accueil des Français d'Indochine),
valise utilisée par la famille Weiss lors de leur rapatriement
d’Indochine.
Jacqueline Maggiol est née au Vietnam,
en 1956, d’un père métisse et d’une mère vietnamienne. Ses
parents hésitent à quitter le Vietnam. En 1965, à l’entrée en
guerre des États-Unis, ils embarquent finalement à bord des
derniers bateaux de rapatriement en partance pour la France. La
communauté vietnamienne de Noyant-d’Allier, déjà bien installée,
facilite leur arrivée. Jacqueline devant la maison de son enfance.
Nguyen Thi Phuoc Trong, née au Vietnam
en 1980, fait partie des 1,4 millions de Vietnamiens ayant fui le
régime communiste à la suite de la chute de Saigon en 1975. Elle devient Caroline Guyenne quand ses
parents s’installent en France, à Noyant-d’Allier, en 1991. La
ville compte déjà une communauté vietnamienne arrivée en 1956,
lors de la disparition de l’Indochine.
À l’intérieur d’un coron, à
Noyant-d’Allier.
Jacques Genin est né au Vietnam en
1945. Il est rapatrié en 1956 en tant qu’enfant de troupe. Avec sa
femme, eurasienne elle aussi, ils participent à la Fête de la
Mémoire du 15 août au CAFI (Centre d'Accueil des Français
d'Indochine).
Parc du Dragon, jardin asiatique de
Noyant-d'Allier.
Pagode de Villeneuve-sur-Lot, financée
majoritairement grâce aux dons des « grands-mères »
rapatriées au CAFI (Centre d'Accueil des Français d'Indochine) de
Sainte-Livrade-sur-Lot.
L’intérieur d’un coron, à
Noyant-d’Allier. Sur la photo datant de 1959, Julien Cao Van Tuat
et sa famille à leur arrivée à Marseille.
Monument commémoratif dédié aux
combattants de la guerre d'Indochine. CAFI (Centre d'Accueil des
Français d'Indochine) de Sainte-Livrade-sur-Lot.
Deux des sœurs de la famille Caze,
Claudine et Monique, devant les quatre derniers bâtiments d’origine
du camp.
Oscar, Ryan et Luc Nguyen. Frères et cousins nés en France de parents d’origine vietnamienne posent dans le Parc du Dragon, jardin asiatique de Noyant-d’Allier.
De l’Indochine au bocage
Dien Bien
Phu, Vietnam, 1954. Après deux mois de bataille acharnée, les
canons et les fusils se taisent. Le Viet Minh remporte la guerre
d’Indochine et la France perd sa colonie « Perle
de l’Empire. »
Pendant deux
ans, 30 000 rapatriés d’Indochine débarquent en France. Ils ont
dû partir précipitamment et tout abandonner. Ceux qui ont des
attaches se dispersent sur le territoire, les autres sont pris en
charge par l’administration française et placés dans des centres
d’accueil provisoires. La plupart sont des soldats, des supplétifs
Indochinois et des veuves. Les camps les plus importants sont ceux de
Sainte-Livrade-sur-Lot (47), de Bias (47), et de Noyant-d’Allier
(03).
À
Sainte-Livrade-sur-Lot et à Bias, 1 900 rapatriés sont logés dans
d’anciennes poudreries militaires. Le confort est rudimentaire, des
lits de camp en métal sont disposés dans des baraquements aux toits
en tôle ondulée. Un « hébergement provisoire de caractère
essentiellement précaire et révocable », précisait le
règlement du camp de 1959. Du provisoire qui dura quarante-neuf ans.
À
Noyant-d’Allier, ce sont les anciens corons de mineurs qui sont mis
à disposition des 1 700 nouveaux arrivants. Leur découverte de la
métropole est brutale. La réalité est loin de l’image fantasmée
et propagée par les instituteurs des colonies. Nous sommes en plein
hiver, la neige recouvre les champs à perte de vue, le thermomètre
indique moins vingt-cinq degrés. Le premier
choc passé, il faut s’adapter, prendre ses marques et s’intégrer.
Les enfants décuplent les effectifs des écoles avoisinantes. Les
adultes travaillent à l’usine ou dans les champs. Les
salaires sont bas, la vie est rude.
En 2013, la
poudrerie de Saint-Livrade-sur-Lot a été transformée en logements sociaux. Sa pagode et quatre
bâtiments ont cependant été conservés en état,
comme lieu de mémoire.
Certains enfants de rapatriés reviennent vivre dans ce quartier
chargé de souvenirs.
La série photographique « De
l’Indochine au bocage » a bénéficié du soutien à la photographie contemporaine du Centre national des arts plastiques.